Mon chien, mon enfant ?

Beaucoup d’articles disponibles dans la presse, nous parlent de la position particulière du chien au sein de la structure familiale.  Dans beaucoup de familles, on ne parle pas de ‘maître’ ou de ‘propriétaire’ mais bien de ‘parent’ et ‘d’enfant’ et étonnamment, cela se passe surtout dans les ménages les plus jeunes qui, attendant de plus en plus longtemps pour avoir des enfants compensent ce retard de paternité/maternité par l’adoption d’un chien ou d’un chat.  On constate d’ailleurs l’effet inverse lorsque bébé arrive dans la famille avec un désaveux justifié ou pas du bébé de substitution à 4 pattes.  Selon un édito dans New York Magazine, ce n’est pas une bonne idée de se comporter comme un parent face à un animal domestique. C’est un signe préoccupant de déconnexion avec la réalité.  La relation avec un animal ne pourra donc jamais être comparable à la relation parents/enfants car ces derniers sont des êtres qui vont finir par se détacher et surpasser leurs géniteurs alors que le chien restera toujours dépendant.  

Autre point de vue, si on se réfère à un article canadien de l’Actualité.com avoir un chien ou un chat en dit long sur qui vous êtes.  On y parle de levier d’épanouissement personnel, de marqueur et lubrifiant social, chien et chat ayant en commun qu’ils connectent émotionnellement à la vie, à la nature.  Les chiens et les chats répondent aussi fondamentalement à des besoins d’épanouissement personnel. La présence de ces animaux apporte un soutien affectif qui procure un certain équilibre psychique et qui prédispose favorablement à des quêtes d’épanouissement et de développement personnel. D’ailleurs, de nombreuses études ont démontré au cours des années que la présence d’animaux avait des effets positifs et importants sur la santé à tous points de vue.  Le chien est aussi un « lubrifiant social ». Il vient vers nous. Il va vers les gens. Il est sociable. Il entre en relation avec ses amis humains. Il facilite notre socialisation. Les propriétaires de chiens expriment un vif besoin de socialiser, d’entrer en relation avec autrui. Le chien semble favoriser ces contacts, ces rencontres. Il médiatise en partie nos rapports avec les autres.

Plus près de chez nous, l’étude Comeos réalisée pour le compte du secteur DIY (Do It Yourself/bricolage) parle d’humanisation.  Les ‘millennials’ (génération née dans les années 80, début 90) sont des ‘parents d’animaux’, qui achètent vêtements et même cadeaux de Noël pour leurs animaux de compagnie. Les propriétaires les gâtent avec des produits écologiques et des accessoires haut de gamme. L’accent est mis sur le bonheur de l’animal.

Et la science dans tout cela, ou les neurosciences canines

A la lecture de ce qui précède, on se rend compte qu’il y en a pour tous les goûts et que chacun, fonction de son vécu, de ses croyances, de ses intérêts, de son passif, de ses émotions… a une idée plus ou moins objective/subjective de l’affaire !  Abordons maintenant le sujet sous un angle plus scientifique : qu’est-ce que la science nous raconte à ce sujet.  Le site Puppy leaks reprend dans un article, 8 études scientifiques tendant à prouver que les chiens ont des émotions et sous différents aspects, ils sont plus proches de l’humain qu’on ne pourrait le penser.  Petite anecdote, le chien est le seul animal ‘non-primate’ à regarder l’humain dans les yeux contrairement au loup qu’on apparente souvent à tort.

1.  Une étude révèle que les chiens sont capables d’anticiper ce qu’ils aiment : un article publié en 2013 dans le New york Time explique comment 12 chiens ont été entraînés à rester complètement immobiles afin de pouvoir scanner leurs cerveaux dans un I.R.M. (Imagerie par résonance magnétique).  Il en ressort que la partie du cerveau appelé ‘Noyau codé’ (caudate nucleus) aurait un fonctionnement assez semblable à celui de l’homme.  Chez l’homme, le noyau codé est la région du cerveau associée à l’anticipation de ce que nous apprécions.  Ainsi le fait de faire des gestes de la main annonçant la nourriture, déclenchait chez le chien une réaction d’anticipation.  Même augmentation de l’activité cérébrale lorsque l’odeur du maître était introduite dans la pièce.

2. Le chien lit l’humeur grâce aux sons et tonalités de la voix : dans cette étude, on a fait écouter à 11 chiens pendant 10 minutes des bruits d’autres chiens, des voix humaines et des bruits environnementaux toujours sous I.R.M.  Comme les humains, des chaînes de neurones s’illuminent pour certains bruits et pas d’autres, notamment la ‘voix’ de leur propre espèce.  Comme les humains les chiens sont capables de traiter le bruit ‘émotionnel’.  Le cortex auditif primaire s’active plus lorsqu’un échantillon heureux est joué qu’un son triste et cela chez les deux espèces.

3. Les chiens peuvent reconnaître la générosité et agir en conséquence : en 2017, une étude a été publiée sur les chiens capables de reconnaître un comportement égoïste ou généreux. Les chercheurs de cette étude ont élaboré le test suivant. Dans une pièce, un chien en laisse est assis à côté de son propriétaire, tous deux sont spectateurs de la scène suivante : 2 inconnus assis à table sont en train de manger un bol de nourriture quand une troisième personne entre dans la pièce et demande aux 2 autres si elle peut avoir de la nourriture.  L’un des 2 répond que non d’une voix assurée avec les gestes adéquats et l’autre par contre offre de la nourriture à cette troisième personne qui ensuite ressort de la pièce.  Après cette scène, le maître détache son chien le laissant libre de ses mouvements et dans 2/3 des cas, le chien est venu s’asseoir à côté de la personne bienveillante.

4. La recherche suggère que les chiens ressentent de l’empathie : en juin 2012 une expérience a été menée auprès de 18 chiens de races et d’âges différents.  Ces chiens ont été exposés durant des séances de 20 secondes à différents stimuli émis par le maître mais aussi par de parfaits inconnus.  Soit les gens  fredonnaient, parlaient de tout et de rien ou faisaient semblant de pleurer.  Dans la majorité des cas, les chiens s’approchaient des personnes qui pleuraient… Maître ou pas !  Ils réagissaient à l’émotion de la personne, et non à leurs propres besoins, ce qui suggère un comportement de réconfort semblable à celui de l’empathie.

5.  Les chiens ne ressentent pas la culpabilité ni la honte : des chercheurs ont déclaré en 2018 après avoir filmé le comportement de 14 chiens qu’ils ne ressentaient pas la culpabilité.  Le test consistait à faire sortir le maître de la pièce après avoir demandé explicitement au chien de ne pas manger la nourriture se trouvant à sa disposition et ensuite de revenir dans la pièce quelques minutes plus tard et de réprimander le chien qu’il est oui ou non mangé la nourriture.  A chaque fois, la même posture a été observée chez le chien, regard fuyant, oreilles en arrière, tête basse, ce n’était pas la culpabilité qui avait motivé le regard mais une réaction directe à la réprimande du propriétaire.

6. Les chiens peuvent être jaloux et envieux entre eux : en 2008, des scientifiques de l’université de Vienne, en Autriche, ont testé 43 chiens afin de  trouver des preuves de jalousie ou d’envie. Les chiens ont tous été entraînés à ‘donner la patte’. Lors de cette expérience, tous les chiens se comportaient bien jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent que certains d’entre eux étaient plus généreusement récompensés avec des friandises.  Les chiens qui n’ont pas reçu de friandises malgré le fait qu’ils faisaient correctement leur exercice ont commencé à moins bien se comporter, obéissant seulement 13 fois sur 30. Ils présentaient également des comportements de stress tels que se lécher ou se gratter. Ils étaient malheureux devant cette situation injuste.

7. Les chiens peuvent rire : Patricia Simonet, comportementaliste canin a étudié et publié en 2005 la réaction des chiens pendant la lecture d’un enregistrement audio sur lequel un autre chien était en train de ‘rire’.  Elle a bien entendu utiliser d’autres stimuli auditifs permettant d’éliminer le hasard.  4 types de ‘ouaf’ différents : les aboiements, les grognements, les gémissements, et… un son, sorte d’exaltation forcée qu’elle a appelé rire-chien. Elle se justifie en argumentant le fait que ce son n’est produit que pendant le jeu.  Lorsque les chiens entendaient le son, ils allaient chercher un jouet et faisaient la posture du jeu.  Elle a également découvert que faire écouter le rire-chien à un chien stressé le calmait au lieu de l’excitait.

8. Les chiens peuvent être optimistes/pessimistes : les recherches ont révélé que certains chiens présentant une angoisse de séparation pouvaient être affectés par des états émotionnels négatifs tels que le pessimisme. L’étude a été menée à l’Université de Bristol, au Royaume-Uni sur 24 chiens récemment entrés dans un refuge pour animaux.  La première expérience consistait à isoler le chien chaque jour pendant 20 minutes dans une pièce et évaluer le comportement du chien.  Ceux qui avaient l’angoisse de séparation aboyaient, grattaient à la porte et sautaient sur les meubles. Ces 24 chiens ont également reçu des gamelles de nourriture dans des zones spécifiques d’une pièce. D’un côté, ils pouvaient toujours s’attendre à ce qu’elle soit pleine et de l’autre, elle serait vide. Cela a été répété jusqu’à ce que les chiens sachent à quoi s’attendre.  Les chercheurs ont ensuite commencé à placer des bols supplémentaires dans d’autres endroits de la pièce. Les chiens qui courraient immédiatement vers le nouveau bol de nourriture ont été jugés optimistes et les chiens qui n’ont pas approché le nouveau bol étaient les pessimistes. Les chiens dit pessimistes en ce qui concerne le bol de nourriture étaient aussi ceux qui exprimaient le plus de comportements anxieux liés à la séparation.